— Peut-être parce que, pour une fois,
personne ne lui a expliqué le tableau.
— Elle est entrée sans bruit*, avec cette délicatesse qu’ont ceux qui savent qu’ils ne sont pas là pour regarder vite. Elle a parcouru les œuvres sans hâte. Et devant “Le Génocide de Gaza”, elle s’est arrêtée. Longuement. Très longuement.
Quand elle s’est retournée, il y avait dans ses yeux cette chose rare, fragile, que même les mots n’osent pas troubler : des larmes.
Pas de commentaire.
Pas de justification.
Juste une émotion offerte, sans calcul, sans attente.
Je suis rentré à l’atelier. Et dans la nuit, j’ai peint. J’ai peint ce regard qui m’avait traversé, qui avait éclairé mes pensées et mon cœur, justifié mes années d’efforts et si souvent ... mes larmes.
Et dans ce regard-là, tout s’est effacé. Les silences trop lourds, les remarques piquantes, l’indifférence parfois arrogante, et toutes ces postures incompréhensibles de ces visiteurs fatigués et absents sous leur présence.
*Dans mon exposition à l’espace Alma M à Romainmôtier.
— 18 avril au 18 mai 2025